Le Télétravail : un point de départ pour se réinventer ensemble ?

Il y a 54 ans, le Ministre français de l’information inaugurait le premier programme en couleurs. Un évènement attendu qui intervenait 32 ans après la première émission officielle de télévision française en noir et blanc !


Ce fut une « réussite totale » et un « exploit technique peu ordinaire » qui ne bénéficiait alors qu’à une infime minorité de téléspectateurs français. (Seulement 1 millier de postes vendus) ! Quelques déconvenues techniques entre autres n’ont malgré tout pas laissé place à la critique.


« Il faut laisser le temps aux techniciens de maîtriser l’art de manier la couleur et celui de l’éclairer aussi! Mais ce même journaliste (La Croix) gage que ces milliers de paires d’yeux qui ont vu « ces vraies images de la vie » auront beaucoup de mal à se contenter ensuite du noir et blanc qui pourtant les satisfaisait hier encore !


Alors, le télétravail ne serait-il pas un point de départ pour se réinventer ensemble?

Nous vous proposons de répondre à cette question tout d’abord en regardant le télétravail en noir et blanc et retrouvons-nous le mois prochain pour le second épisode en couleur.


Article écrit à 4 mains par Julie Mathieu Fuvelle (psychothérapeute et préparateur mental) et Catherine Boudewyn (coach professionnel)


Télétravail épisode 1  - Noir et Blanc


Mars 2020, le télétravail s’est imposé à nous à cause d’une pandémie, nous avons dû réinventer nos modes de communication et de fonctionnement !
Face à cette situation extra-ordinaire nous avons fait preuve d’adaptation et de créativité, certaines situations ubuesques resteront gravées dans nos mémoires !


Entre rêve et réalités, des « télétravailleurs » ont témoigné lors d’accompagnements individuels :

 

Audrey, employée dans une grande entreprise : « J’imaginais aménager mes horaires, éviter les embouteillages et les collègues pénibles ! Je me voyais déjà travailler dans un espace aménagé selon mes goûts, épuré, bien pensé ; prendre un thé en regardant la pluie tomber et ne pas devoir faire semblant d’aimer le café de l’espace dédié, point de rassemblement des salariés épuisés ».


John, responsable informatique : « Je vais pouvoir organiser mes journées de travail, commencer et finir quand je veux et même prendre un café au milieu. Mais en réalité, tu as à peine le temps de savourer ce sentiment de liberté ! Dès le premier collègue qui en abuse, ça ne manque jamais, on se met à te fliquer ! Tu deviens pro dans l'art de la justification, tu as l'impression que ta productivité est épiée et tu peaufines ta paranoïa pourtant déjà bien installée. La messagerie interne qui rassemble les électrons libres travaillant à la maison et sur laquelle il est obligatoire de se connecter est une traîtresse: elle se met en veille après un certain nombre de minutes d'inactivité. Je suis donc vissé à mon bureau, de peur qu'à distance quelqu'un devine mon absence ».


Jessica, assistante administrative : « Je vais pouvoir avoir du temps pour moi ! Et c’est aussi ce que les gens pensent ! La preuve ? Ta copine qui "passait juste déposer un truc" est encore là une heure plus tard. Ou bien encore, sous prétexte que je suis en télétravail je peux garder mes enfants ! »


Florence, juriste : « Je rêvais de matins réinventés : tu prends ta douche, ton petit déjeuner, ... tu prends le temps de préparer tes enfants et de t’installer avant de débuter ta journée... En réalité, il m’est arrivé d’éteindre mon réveil pour allumer mon ordinateur sans même ouvrir le deuxième œil, je bossais depuis mon lit, complètement dans le cake, avec les cheveux en bataille ! J’ai parfois annulé des rendez-vous professionnels prétextant un empêchement alors que mon excuse était juste celle d’être encore en pyjama à 14h ! Le télétravail peut très vite t’enlever toute dignité ! »


Mathieu, gestionnaire de compte : « Je me disais : chouette, je vais avoir le temps de m’occuper de mon fils ! En fait ce n’est pas vraiment moins la course qu’avant ! Partant du principe que si tu télétravailles tu « as du temps », c’est évidemment toi qui va conduire l’enfant à la crèche ou à l’école et évidemment toi qui va le chercher ! Et cela si bien sûr les écoles sont ouvertes car sinon il reste avec toi derrière l’ordinateur. Quand la fin de journée arrive, tu éteins ton ordi mais tout de même comme « tu bosses de chez toi, tu consultes tes mails et y répond trop souvent de manière abrupte, car « il faut répondre » ! Tu ne parviens plus à évaluer le caractère d’urgence et d’importance ! »



Leeni, développer web : « J’aime bien l’idée que mon lieu de travail soit le plus éloigné possible de mon lieu de vie ; cela crée un sas de décompression. Je peux dire que même en période de rush, ne pas ramener du travail à la maison a toujours été une règle d’or. Aujourd’hui, ce qui est difficile pour moi c’est de me créer un espace de travail dédié dans mon appartement ».

 

Julie Mathieu Fuvelle


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